Escadron BRAVO & Cie

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Le pavé voyageur

Le pavé voyageur                   en Word              en Pdf

 

 


 

                               Alors que certains font état bruyamment de leur sens de l’humour, d’autres le mettent en application en toute discrétion sans même avoir besoin d’en observer les effets.

 

                               Dans ce dernier cas, le sujet piégé est également celui qui rit le plus.

                               

                               Notre chef de section maintenance prénommé Arsène nous faisait bien rire à l’époque par ses blagues dont nous étions les victimes involontaires.

 

                               En cette année 1978 (si je ne trompe), l’escadron « bravo » est désigné pour représenter les recce dans la colonne motorisée au défilé du 21 juillet.

 

                               Après avoir chargé nos véhicules fraichement repeints sur le train c’est notre tour de rejoindre la capitale par la route.

Nous allons loger plusieurs jours dans une aile décrépie du célèbre «petit château ».

 

                               C’est pour nous un peu comme des vacances malgré que nos journées soient bien remplies entre maintenances des CVR-T, répétitions et reconnaissances du parcours, les soirées étant consacrées à découvrir la vie nocturne de Bruxelles grâce à notre collègue et ami Jean Parmentier.

 

                               Chaque matin c’est le même rituel, descendre les escaliers poussiéreux, traverser une cour pavée pour se rendre au petit déjeuner puis suivre le programme.

 

                               Notre dernier jour est différent puisque c’est le jour du défilé suivi du réembarquement des véhicules et du retour vers Arnsberg mais quelque chose cloche.

                                Cela peut sembler sans importance mais j’ai remarqué un trou dans le revêtement pavé de cette cour centenaire juste devant la porte de notre bloc.

 

                                Mais la journée avance et bientôt nous enfilons nos «BD» n°1 impeccables puis munis de nos armes individuelles nous embarquons dans nos «bacs» rutilants.

Nous rejoignons la rue dans laquelle le Roi passera les troupes en revue puis nous rangeons les véhicules en file et prenons position en «repos sur place» sur le flanc droit de ces derniers.

 

                               A ce moment crucial, Jean constate que sa mitraillette est montée totalement à l’envers !...Je rigole mais tout à coup je constate que ma «Vigneron» est dans le même état ! Et nous voici tous deux obligés de démonter nos armes pour ne pas être ridicules ceci  juste quelques minutes avant la revue par notre souverain.

 

                               En même temps, perçois que ma veste est trop serrée et je découvre deux cendriers en métal léger dans les poches intérieures… Jean aussi d’ailleurs !!!

 

                               C’est clair qu’il s’agit d’un «coup» d’Arsène mais pas le temps de discuter, car le commandement de «garde à vous !» nous est lancé

 

                               Quelques secondes plus tard notre Roi debout dans sa Land Rover nous toise d’un regard martial.

                               Peu après, l’embarquement est ordonné, les moteurs rugissent mais subitement la drache nationale fait son entrée et nous voici totalement trempés puis le défilé se met en branle.

 

                               Il se déroule parfaitement et la pluie cesse avant le passage devant les tribunes.

 

                               Après quoi, nous nous rendons à la gare pour y arrimer les véhicules qui repartent dans la foulée vers le Sauerland.

 

                               Pour nous c’est le bus qui nous ramène dans la nuit vers notre ville de garnison.

Moi c’est au bloc 17 et je retrouve ma chambre où je devrai dans les prochains jours remettre mes tenues en état, les mariés ayant plus de chance car leurs chéries vont les soulager de cette corvée.

 

                              Cependant une épouse a une incroyable surprise en ouvrant le sac de son mari car un énorme pavé de porphyre datant de la construction du petit château en 1852 y trône et il y apparaît la mention manuscrite au marqueur « SOUVENIR DE BRUXELLES »

 

Merci Arsène !!!

 

 

CENIER Maurice 20 mai 2021

petit chateau.jpg



20/05/2021
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