Escadron BRAVO & Cie

Une carte trop ancienne  

(en Word  en Pdf)

1978, c’est parti pour un nouvel FTX !

             Par la fenêtre du compartiment,  j’observe à la faveur d’une courbe le long ruban des véhicules blindés que nous avons arrimés cette nuit sur des wagons plateaux.

             En cet après-midi d’automne le voyage vers l’Est touche à sa fin car le convoi ralenti et nous arrivons à la gare de destination dont je découvre le nom « Karlshafen »

             Dès nos pieds au sol, le  calme relatif du voyage laisse bientôt place à une activité intense car tous les équipages se mettent  à détacher les lourdes chaines qui maintenaient  nos CVR-t  sur les plateformes.

Bientôt, le débarquement se termine et les véhicules sont placés selon un schéma habituel qui me place en tête.

             Après un ordre de mouvement l’escadron s’ébranle en direction de son emplacement de bivouac.

Sur mon porte carte je m’applique à bien suivre l’itinéraire en veillant à ne pas perdre le contact et à garder l’homogénéité de la colonne quand, après des débuts prometteurs plus rien de mon environnement ne correspond avec ma carte !

             Je ne peux en aucun cas m’arrêter pour faire le point sous peine de provoquer un véritable chao derrière moi.

Mon esprit ne me joue pas des tours et je suis bien au bon endroit !.. Alors je comprends que, ce qui n’était au moment de l’édition de ma carte qu’une petite route traversant un village est devenu une « land autobahn » c’est-à-dire  une route qui évite les petites agglomérations de campagne.

              En un éclair je repère le numéro de la route et décide de prendre la bretelle de sortie tout en veillant à ce que les collègues me suivant m’emboitent le pas.

Après être monté sur la route originelle mes pulsations reviennent à la normale en constatant que ma carte et le paysage correspondent à nouveau.

               Les kilomètres défilent  et nous arrivons dans la zone boisée où nous passerons notre première nuit puis chacun prend sa position en mode » bivouac administratif ».

               Quand vient l’heure du ravitaillement « Cl 1 », je me retrouve à me sustenter aux côtés de notre commandant d’escadron (Capt Laloux) qui me dit en rigolant et faisant allusion à la carte : « Heureusement que vous avez vu clair car nous étions plusieurs à nous demander où on était ».

               A cet instant précis me sont revenus en mémoire mes débuts difficiles au lendemain de mon arrivée au 4ChCh où étant en tête comme one/one j’avais perdu la liaison interphone avec mon chauffeur et dû m’arrêter pour me contenter des regards moqueurs de tout Bravo.

               Les années ont défilé mais la mémoire est là pour nous rappeler que tout ne fut ni rose et ni gagné d’avance pour aucun d’entre nous.

CENIER Maurice le 22 août 2020