A tous les vents
En cette fin des années '70 je me sens bien dans ce métier de Recce ayant des particularités qui conviennent à mon caractère.
Dans le contexte de la guerre froide nous devons être opérationnels mais aussi rapidement en position de combat.
Il y a une contrainte que j'estime être un obstacle à cette exigence puisque tout le matériel NON précieux se trouve en cave de peloton et doit à chaque alerte être trimballé à dos d'hommes jusqu'aux garages où sont stationnés nos véhicules de combat.
Etant adepte de la simplification du travail, je constate que le fait que toutes les portes des garages de l'escadron bravo soient absentes rend nos CVR-T accessibles à tous vents.
Du coup, il est impossible d'y laisser les outillages et équipements, au risque de se les faire dérober malgré la pose de cadenas.
Bref, il faudrait des portes pour pouvoir fermer et améliorer la sécurité de nos garages d'autant plus que je vois que tous les autres escadrons en sont équipés.
Le comble c'est que celles-ci gisent entassées sur un coin du tarmac depuis bien longtemps avant mon arrivée à Arnsberg.
Il doit y avoir une explication et je mène ma petite enquête auprès de certains anciens qui m'expliquent qu'un jour, jugeant certaines défectueuses, un responsable au sein de l'escadron a décidé de les faire enlever.
Avec Guy et nos gars, nous examinons l'empillement pour chercher de quoi pouvoir fermer au minimum les quatre ouvertures relatives au 3° peloton.
Une ou deux heures et quelques coups de marteaux plus tard, les trois massifs battants métalliques qui permettent de fermer chaque ouverture sont installés et assemblés sur leurs gongs, remplissant parfaitement leur fonction d'origine.
Cependant, pour atteindre notre objectif de sécurisation de nos véhicules et de leurs OVM*, il faudra poser également deux grillages à l'intérieur pour empêcher les accès latéraux.
Nous décidons aussi d'installer une rallonge électrique pour alimenter quelques lampes permettant de travailler aisément pendant les courtes journées d'hiver.
Alors que nous admirons notre oeuvre la nouvelle fait déjà le tour de l'escadron et les jours suivants c'est au tour des autres pelotons de farfouiller dans le stock de vieilles portes dont seules quelques unes auront besoin du soudeur avant d'être finalement réinstallées pour tout l'escadron.
Du jour au lendemain nous pouvons profiter d'une amélioration importante de nos conditions de travail et cela n'échappe pas à notre commandement.
Au troisième peloton, l'alerte suivante nous conforte dans notre initiative puisque tout, sauf certains équipements de grande valeur, est déjà à bord des véhicules.
Le temps gagné et le stress en moins permet de mieux être prêt au "combat readyness"
Faire preuve d'initiative et d'inventivité ne fait de mal à personne.
CENIER Maurice
27 novembre 2021
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