La révolte des DOM 410
Au printemps 1986, je suis instructeur COR au Groupe CVR-T depuis un peu plus d’un an.
Le plaisir de l’instruction est déjà bien présent en moi mais il y a une période à laquelle j’apporte sans cesse des améliorations, il s’agit de la semaine NBC.
Je donne tous les cours lors de cette initiation de nos futurs officiers de réserve à cette menace non négligeable.
Ce matin, je leur apprends le fonctionnement du radiamètre DOM 410 dont chaque peloton de reconnaissance est doté.
Je ne dispose que d’un nombre limité d’appareils, aussi je demande à mes élèves de se grouper par deux ou trois autour de ceux-ci.
Après une description détaillée, nous passons maintenant à la pratique.
Pour moi c’est assez facile et routinier; mettre les curseurs d‘unités et de valeur sur la position minimum, installer les piles puis allumer l’appareil.
J’ai pour la suite prévu d’utiliser les sources radioactives qui pour l’instant sont à l’intérieur de leur conteneur en plomb posé sur mon pupitre.
Je suis occupé à expliquer que la valeur indiquée par leur écran devrait se situer à un ou deux coups par seconde et mes élèves me regardent avec incrédulité quand le plus hardis d’entre eux lève la main pour demander la parole.
Chef ! Mon aiguille va à fond !
Ma réponse concernant une panne probable est déjà sur mes lèvres mais je n’ai pas le temps d’en arriver là car les autres élèves me regardent tous en me signalant le même résultat.
Je suis très surpris et ma première réaction est de demander à un élève de mettre le conteneur des sources dans le couloir car je redoute une influence sur les mesures.
Après une minute, je dois me rendre à l’évidence car tous les appareils affichent une valeur largement supérieure à celle que j’ai l’habitude de voir et je dois avouer mon dépit…
C’est une chose très désagréable de voir le doute dans les yeux de vos élèves qui vous font totalement confiance et pour qui vous devez être exemplaire.
Je m’adapte sans bien comprendre car les indications sont toutes stables et le test des sources étalonnées nous prouve par la suite que le matériel est en ordre de marche.
Quelques jours passent quand soudain nous apprenons par les médias qu’un réacteur de la centrale nucléaire de Tchernobyl en Ukraine a explosé sans que l’URSS n’ait cru bon d’en avertir ses voisins européens que nous sommes.
C’est alors que je comprends que les retombées étaient déjà sur nous accréditant la validité des mesures de nos braves DOM 410.
Faut-il rappeler que la guerre froide était un énorme frein à tout échange de données entre L’Est et l’ouest mais qu’en plus l’URSS cachait tout accident ou incident survenant dans sa sphère d’influence dans le but de nous laisser croire à un paradis communiste sans failles.
Cependant à l’ouest certains politiques « éclairés » affirmaient non sans culot que tout allait bien et que le nuage radioactif s'était arrêté à la frontière….
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