La nuit de TRANSINNE
La nuit de Transinne, En Word
Février 1977 l’FTX « Ambiorix ’77 » touche à sa fin s’étant déroulé pendant deux semaines dans l’ouest de la province du Luxembourg belge.
Je dois vous préciser qu’à l’époque les exercices dans notre pays étaient assez rares et suscitaient de la part de la population des réactions assez contrastées car contrairement aux allemands, nos compatriotes ne comprenaient pas toujours les enjeux de la guerre froide aidés en cela par une presse qui nous était hostile*.
Certains auront peut-être le souvenir de la froideur des habitants d’un village suite à l’arrivée de l’escadron venant ranger ses CVR-T à côté de l’église pendant l’office du soir.
A l’opposé je me souviens de toute l’aide qu’un fermier m’avait apportée alors que je réparais le circuit de refroidissement de mon Scorpion.
En ce dernier soir de manœuvre la fatigue se fait sentir.
Nous sommes sur les hauteurs du village de Transinne que nous nous apprêtons à envahir avec l’aide des « mariniers » hollandais.
En face, une unité de paras allemands équipés de petits véhicules et de canons tractés de 20 mm parachutables.
Dès le départ une certaine pagaille s’installe car les paras sont mobiles et il est difficile dans cette nuit noire à les situer. Les tirs fusent de partout alors que le village fait semblant de dormir et cela dure me semble-t-il une heure ou deux.
Vers 23h00 nous recevons l’ordre de nous rassembler au centre du village où nous attendons dans nos véhicules le mot code de fin d’exercice.
Nos « alliés » hollandais dont la plupart des Land Rover sont surmontées d’un canon sans recul nous rejoignent dans cet endroit.
La radio crépite annonçant « l’ end ex » attendu et dès cet instant les « mariniers » déclenchent un boucan d’enfer en faisant feu de toutes leurs armes !
Les mitrailleurs et les autres se débarrassent des munitions en leur possession sans aucune retenue.
Certains d’entre nous ne résistent pas non plus à la tentation d’appuyer sur la détente et je pense instantanément aux habitants de Transinne qui risquent de ne pas apprécier ce feu d’artifice improvisé.
Après au moins vingt minutes de ce spectacle navrant, la dernière douille roule sur le sol et je dois dire qu’il me tarde de quitter ce village m’attendant à une réaction vive des autochtones.
Peu de temps après nous faisons mouvement et je ne connaitrai jamais les séquelles engendrées par cette histoire.
Il aura fallu des années pour que de grands exercices soient à nouveau exécutés en Belgique mais je ne pense pas qu’une situation comparable ait pu se reproduire ne fus ce que par le manque de munitions ;) CENIER Maurice 12/05/2015
*RTBF et cela n'a pas changé
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