Escadron BRAVO & Cie

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La bielle du large

La bielle du large           En Word

                        En ce début des  années ’80 nous nous préparions à prendre part à un FTX mais cette fois  en tant qu’arbitre.

                         Pour moi c’était une première d’autant plus intéressante que nous allions vivre pendant deux semaines à seulement trois personnes  à bord du Spartan  B72.

 

                         Juste avant le départ, un de nos mécaniciens m’avais averti qu’il fallait ménager le moteur car il avait une histoire mouvementée.

                          La colonne avait pris le chemin de l’Est, nous venions de passer Meschede et tout se déroulait bien.

                         J’étais  installé avec mon porte carte mes épaules calées dans l’ovale de l’écoutille  chef de véhicule.

                          Soudain, un bruit métallique accompagné d’une épaisse fumée bleue  me jaillit au visage.

                          Le chauffeur dégagea vers la gauche car un chemin de fer bordait la route à droite. Le véhicule s’arrêta dans l’herbe et après un dernier hoquet, le moteur rendit l’âme pour se taire définitivement.

 

                          Le long ruban de la colonne défila encore quelques minutes puis ce fut le silence.

                          J’ouvris le compartiment moteur pour en évaluer l’état mais je dus constater que le bloc présentait un trou de la taille d’un pamplemousse sur chaque flanc  laissant apparaître les débris tordus de ce qui avait constitué notre fier  « 4,2 L  Jaguar ».

 

                          Notre chef de section maintenance avait renseigné notre panne non sans sourire car il savait parfaitement  que le véhicule reviendrait de manœuvre avec un tout nouveau moteur.

                          Les grands exercices étaient parfois salvateurs car à cette occasion la logistique passait en mode « guerre » et les délais habituellement longs devenaient super rapides.

                          Cependant  nous  aurions préféré que ça ne tombe pas sur nous.

 

                           La nuit était tombée, la radio restait silencieuse, nous nous étions installés sur la banquette où on parlait de tout et de rien quand un « toc-toc ! » sur la porte attira notre attention.

                           Croyant à l’arrivée de « Blue Bell » je sortis pour  tomber nez à nez avec un vieux monsieur allemand surgit de nulle part tenant à la main un thermos de café qu’il désirait partager avec nous.

Il nous raconta sa  guerre puis nous quitta vers minuit.

 

                           Vers 01h00 arriva le Berliet des dépanneurs, on désaccoupla la transmission et après avoir mis le véhicule en remorque nous prîmes place dans l’énorme cabine pour faire le voyage vers Arolsen .

Le reste de la nuit se termina dans le Spartan garé non loin du peloton maintenance.

 

                            Au réveil et après avoir trouvé quelque chose à manger aux cuisines notre véhicule fut amené dans le garage où il allait recevoir un tout nouveau moteur prélevé directement sur les stocks de guerre.

                            Cela pris la journée et au matin du jour suivant, nous étions prêts à rejoindre l’exercice mais les heures qui suivirent furent encore émaillées de deux pannes dues à quelques manquements lors du remontage.

 

                             Le troisième jour au petit matin nous arrivions enfin dans le village abritant le PC arbitrage et vers 10h00 j’assistais au briefing donné par le Colonel Bruyère.

 

                             Les exercices se succédèrent à un rythme soutenu, notre véhicule se comportait bien et vers le milieu de la deuxième semaine j’arbitrais  pour nos collègues néerlandophones face à une unité allemande équipée de Léopards II qui voulait avancer à tout prix.

                             Cependant, il fallait respecter certaines règles sachant que la présence d’un seul Stricker  militait en faveur d’une neutralisation du peloton tank allemand que je fus obligé de bloquer avec mon Spartan.

                             La situation était assez cocasse vu la disproportion entre les deux véhicules et c’est à cet instant qu’un bruit inattendu se fit entendre,… le moteur  de mon CVR-T cala.

                             Je commençais à en avoir assez  de ces pannes mais j’en avais vu d’autres  alors j’ouvris le compartiment avant pour constater que le cardan s’était tout simplement désolidarisé de la transmission.

                             Les quatre  vis sans doute mal resserrées gisaient là au fond ne demandant qu’à être remises en place, ce que j’entrepris de faire..

                             Nos mécanos arrivèrent juste à temps pour valider la réparation et notre bon petit  « bac » repris la route avec son équipe soudée aux commandes.

 Spartan_CVRT_Armoured_Personnel_Carrier_Belgium_07.jpg

                              On a beaucoup parlé de la fiabilité de nos CVR-T cependant il faut reconnaître que c’était une machine excellente qui ne demandait qu’à être bien menée par des équipages attentionnés.

                               Nos amis d’outre-manche ont démontré que leur gestion sur le long terme de ce programme avait permis de faire de ce véhicule une arme redoutable. 

 

Maurice CENIER 19/09/2015



09/05/2016
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