Les armes vagabondes
Le GP disparu.
En 1976 je suis encore un jeune sous-officier qui essaie de suivre le rythme intense en vigueur au 4 ChCh.
Notre programme comprend beaucoup d’exercices dans la région d’Arnsberg et aussi des services au quartier.
De plus nous participons à des manœuvres OTAN (alertes, FTX, ARF ect…) mais aussi des camps de tir (Bergen, Vogelsang,ect…) … j’en oublie, deux à trois fois par an. .
Généralement ce sont des périodes de deux semaines qui s'échelonnent à deux ou trois reprises au long de l'année.
Octobre cette année-là, nous venons d'arriver à Vogelsang.
Les véhicules chenillés étant garés à Walberhof nous prenons nos quartiers à Van Dooren.
En dehors de nos murs, nous prenons parfois des libertés avec la tenue.
Beaucoup d'anciens mettent un pull anglais qu'ils ont réussi à se procurer mais pour ma part (comme d'autres), j'ai décidé de mettre mon pistolet GP à droite plutôt qu'à gauche comme prévu.
J’ai l’impression (fausse) que c’est plus pratique.
Le seul souci concerne le cordon qui dans cette position est trop court pour être comme prévu passé autour du cou.
Contrairement à certains collègues qui nouent ce dernier autour du ceinturon moi je choisis de ne pas le mettre du tout.
Les journées de tirs se suivent et un soir en rentrant dans ma chambrée je constate que mon étuis de pistolet est... vide !
Je ne me suis rendu compte de rien car lorsque l'on porte pendant longtemps un objet à la ceinture on en sent la présence même nu sous la douche.
Mon sang ne fait qu'un tour mais il faut se rendre à l'évidence je dois absolument le retrouver discrètement si possible.
Après le repas j'explique le problème à mon équipage et toutes affaires cessantes nous retournons en camion avec un chauffeur vers le Parking des véhicules chenillés à 2 km de là.
La nuit est déjà tombée mais nous cherchons partout où mon pistolet aurait pu s'échapper de sa gaine.
Toutefois, après un certain temps il faut que je me rende à l'évidence, mon GP reste introuvable.
La mort dans l'âme, je propose à ceux qui m'ont aidé de rentrer dans nos quartiers.
Après une nuit peu reposante, je suis prêt à affronter la réalité et à devoir signaler les faits à mes supérieurs.
Le petit déjeuner expédié nous nous dirigeons derrière le bloc "Van Dooren" où sont garés les camions qui doivent nous amener au stand de tir.
Avec mon chauffeur, j'ouvre la ridelle du M.A.N habituel.
Dans le jour naissant je remarque un objet sur le plancher entre les pieds de banquettes.
C'est mon PISTOLET !
Je le prends en mains et le contemple avec soulagement tout en comprenant qu'il a glissé de sa gaine le soir avant lorsque nous revenions du parking.
Tout est bien qui finit bien, et n'ayant pas encore officiellement parlé de l'incident, je me jure de ne plus jamais porter mon arme de manière non conventionnelle.
Chapitre 2
Un civil très sympa
Des années plus tard, nous sommes à nouveau à Vogelsang et j'effectue avec ma sectionB35/B32, un Run tactique de préparation au "Chalrec".
Nous progressons par bonds avec nos véhicules sous le contrôle du commandant Noël S3 (Bravo sixà pour la journée) et tout se déroule
bien.
Puis j'arrive en premier en vue d'un petit pont.
Aussitôt, nous appliquons l'attitude indiquée qui est de laisser le véhicule en couverture alors que le chef débarque pour aller inspecter l'obstacle.
J'empoigne la vigneron du canonnier car mon GP est peu dissuasif en cas de mauvaise rencontre.
Le pont ne semblant pas piégé, je rejoins mon scorpion et je rends compte à mon chef par radio.
Puis, nous reprenons la progression et les incidents se succèdent.
Soudainement, B6 (S3) me contacte et me demande "n'avez-vous rien perdu???"
Je regarde autour de moi mais, effectivement, je constate l'absence de l'arme de mon canonnier et un peu gêné en informe mon chef.
Celui-ci m'explique qu'un civil allemand vient de lui apporter la fameuse "vigneron" qu'il avait découvert sur la chaussée devant sa voiture.
Ce brave homme voyant la jeep du commandant a compris que cet objet ne pouvait que nous appartenir.
Je refais défiler le film des événements et me vois en ré embarquant, poser l'arme sur le rebord entre la jupe de flottaison et la coque du véhicule.
Dans le feu de l'action je l'avais oubliée mais un mouvement brusque de notre monture a provoqué sa chute.
Nos armes individuelles étaient les plus précieux de nos équipements.
Nous y étions très attachés et leurs pertes n’étaient PAS une OPTION !
Ces deux aventures confirment que ces jours-là, mon ange gardien était également sur le terrain.
Maurice CENIER Le 11 octobre 2024
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